Nous sommes le jeudi 6 octobre 2022. Il est 8h47. Notre – fort intéressant – petit-déjeuner sur le thème du télétravail n’a pas démarré depuis 2’. L’un des intervenants est en train d’être présenté par notre hôte à travers son pédigrée académique et professionnel.
Ma voisine (très française) : « c’est très français, ça… ». Avant même de s’être présentée à moi.
Moi : « et c’est grave ? »
Elle : « euh… non. »

Je ne suis pas coutumier des coups de gueule ici, mais là, c’est la goutte d’eau… J’ai trop entendu cette rengaine du « c’est tellllllement français » qui m’afflige. Elle est souvent accompagnée d’un petit air d’autosatisfaction, comme si son auteur s’extrayait (par le haut, évidemment) de ces Français auxquels il n’appartiendrait donc pas.

À l’heure où…
 – l’unité (et l’unicité) de la société française se disloque. Cette France où « chacun ignore ce que fait l’autre » (voir le remarquable ouvrage radiographique de Jérôme Fourquet et Jean-Laurent Cassely, « La France sous nos yeux » chez Éditions du Seuil),
 – les autocraties règnent sur 70% de la population mondiale (+20% en 10 ans),
 – les crises (écologiques / sanitaires / militaires / économiques / énergétiques) se succèdent à un rythme inédit,
 – « le dernier flash annonce fièrement ses derniers morts, où la haine mène au score et la peur se rapproche dans un ultime effort » (tiré de l’excellent morceau « À l’heure où » de Deluxe feat. IAM), …

… j’ai l’intime conviction qu’il convient de mettre fin à ces sempiternelles autoflagellations. Oui, nous avons de bien vilains défauts qu’il est facile de décrire et plus difficile de corriger. Oui, nous sommes d’impénitents râleurs pessimistes, voire passéistes. MAIS OUI, nous devons faire front, sans chauvinisme, avec envie. Nous avons du génie. Nous avons des fleurons. Nous avons des licornes. Nous avons les bouledogues français. Nous avons Isabelle Adjani. Nous avons des slips et des marinières. Nous avons des prix Nobel. Nous avons tout pour faire mieux. Nous avons tout pour être acteurs, pas spectateurs. Nous avons tout pour « faire nation », comme dirait « l’autre ».

Alors stop, les « c’est très français, ça ! » Voilà. J’y répondrai désormais par : « mais tu n’es pas français(e), toi ? ». Vous êtes prévenus. 😂

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